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J'en ai par dessus la tête
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23 mars 2001

Qui suis-je ?

Je suis H' une grand-mère et par voie de conséquence, j'ai initialement été mère de deux enfants.

Je ne voulais pas donner la vie, ou plus exactement, je ne voulais pas imposer la vie.
"Donner" la vie, c'était à mes yeux imposer d'inévitables souffrances, et inéluctablement la mort.
Je me suis posée bien des questions. Je les ai  reconsidérées mille fois. Puis les doutes surgissent. Avais-je le droit d'imposer ce refus à mon conjoint si ardemment désireux de devenir papa ? N'allais-je pas moi-même un jour regretter ?

Et enfin, la décision est prise : nous allons essayer d'avoir un enfant, si dame nature veut bien accéder à notre demande. Il est nécessairement évident que si je décide de mettre au monde une nouvelle vie, toute ma vie, toutes mes forces seront dirigées vers cette vie, pour lui éviter au maximum tout ce que "la" vie peut avoir de difficile à supporter.

Alors je l'aime dès que je sais que je porte en moi un être nouveau à qui je n'ai pas pu demander son accord avant de décider s'il devait ou non venir au monde. Et la vie semble nous sourire parce que nous avons un enfant magnifique que nous appelons F. A mesure qu'il grandit il n'est pas que beau, tout est merveilleux en lui. Il a une intelligence vive qui force l'admiration de tous, il est sociable, souriant, aimable. Ses défauts ? On les cherche en vain. Il "s'élève" tout seul, tout est harmonie autour de lui ; ou plus précisément, c'est ce que j'ai trop longtemps cru.
Viennent des petits caprices, mais aussi des cauchemars. A propos des caprices, nous pensons mon conjoint et moi-même, qu'être enfant unique n'est pas une bonne solution et que pour notre premier enfant, il serait plus acceptable de lui donner un petit frère ou une petite soeur. Je pense aussi que compte tenu du bonheur que nous avons avec notre premier enfant, je n'avais pas de raison de m'opposer à la venue d'un second enfant.
L'attente de ce second enfant se fait avec autant d'amour que pour le premier. Sa naissance est un même moment de bonheur, avec en plus la joie de partager cette arrivée avec l'enfant aîné. Pendant toute la grossesse, nous croyons que la venue d'un bébé lui fait plaisir, et c'est un peu lui qui choisit le prénom de l'enfant à venir. Nous sommes tous les trois d'accord : il s'appellera G.
Après la naissance de G, nous nous apercevons bien vite que ce n'est pas aussi simple, et que même... ce deuxième enfant perturbe quelque peu notre premier enfant. Conscients que des jalousies somme toutes bien légitimes peuvent peiner F, nous mettons toute notre énergie à éviter que la jalousie ne s'installe entre eux.

Le temps passe, les cauchemars de notre premier enfant deviennent plus nombreux, plus inquiétants. En même temps, il nous semble que contrairement à toute attente, ce n'est pas F qui serait jaloux, mais G.
Toutes les précautions sont prises pour que G ne souffre pas de ce sentiment dévastateur. Par contre devant les cauchemars de F, nous sommes bien impuissants.

J'essaie parfois d'en parler avec F, de dédramatiser, de comprendre. Et puis il y a des caprices qui eux aussi deviennent plus handicapants. Je parle de tout ça avec le médecin de famille qui me répond :
"Ah, mais c'est que ce n'est pas facile l'élevage et puis dans tout ça, il y a beaucoup de : je t'embête papa, je t'embête maman" (je reprends mot pour mot ses propres paroles que je n'ai pas oubliées).

Jusqu'à leur adolescence je me nourris de l'illusion que nos enfants, que nous choyons et chérissons plus que tout au monde, sont heureux.

Arrive l'adolescence, et les nécessaires oppositions et difficultés. Il n'y a pas vraiment de heurts. Aussi les quelques petites anicroches, ou pour être plus précise, ce que je prends pour de petites anicroches, me paraissent salutaires. Ce n'est pas grave, c'est le passage de l'adolescence vers l'âge adulte et tout rentrera dans l'ordre de soi-même.

Pendant tout ce temps je croyais être l'heureuse maman de deux enfants qui forçaient mon admiration.

 

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