Et la pluie ne cesse pas....

Je suis sous un orage terrifiant. Le tonnerre et les éclairs qui l'accompagnent éclatent de tous côtés.
Cette fois, c'est plus que je ne saurais supporter. Ils ont eu raison de ma volonté, de ma détermination à tenir bon quoiqu'il advienne.
Je me renie moi-même. Je renonce à toutes mes croyances, je bafoue tout ce en quoi j'avais foi.

Je prônais les valeurs de la famille, je me pensais incapable de couper les ponts avec les miens, avec ceux qui me sont le plus cher. Et  pourtant c'est ce que je fais aujourd'hui :  je ne veux plus les voir.

D'où vient cette immense déception ? Je ne suis pas même certaine que mettre en mots ce qui me fait en arriver là soit possible. Peut-être qu'en commençant par la fin, tout deviendra plus facile à formuler.

Je viens d'apprendre par la bouche de G que je vais "finir seule, exactement comme mon frère".
Je ne sais pas si c'est de la simple cruauté, de l'immense sottise ou plus simplement de la folie pure. "On" a dit de moi que je suis cinglée, mais en ce moment même, je ne suis pas certaine que ce soit moi qui aie perdu la raison. Je sais que depuis longtemps G considère que notre foyer est une maison de fou, tandis que lui aurait su se construire un univers d'équilibre parfait. Jusque là, si  difficile que ce soit à entendre, j'ai encaissé pour la simple raison que je suis bien incapable de dire ou commence et ou fini la folie.

Dans cette affirmation ce qui me perturbe tient à plusieurs choses, la première c'est  la méchanceté. Pourquoi me souhaiter du mal ? La deuxième pourquoi souhaiter du mal à mon frère qui ne leur a jamais rien fait ? Qu'il m'en veuille à moi, passe encore, mais pourquoi se déchaîner sur le dernier membre de ma famille de naissance qui me reste ? Pour être tout à fait certain de bien me torturer ? Et là,  je pleure, il a réussi ce qu'il cherche à faire, bravo ! Et moi comme une idiote que je suis dans mes larmes, je ne vois que ce tout petit bonhomme d'environ trois ans qui est allé me chercher tout seul des fleurs chez le fleuriste et me les a offertes. Bon Dieu, mais ou est-il ce chérubin que j'ai voulu garder sur mon coeur, hier encore ?

Et enfin, dans ce cas pourquoi ne pas me laisser seule dès maintenant ? Pour pouvoir continuer à voir son père ? S'il en est ainsi, je renonce à tous mes espoirs, et je décide moi, de ne plus revoir G.

En réalité d'autres raisons me poussent à prendre cette décision.

1er  avril 2002.

Finalement vous m'avez rendu service : finies les illusions, finis les faux espoirs. Je sais vers quoi je vais et je prends mes dispositions pour vivre au mieux ma grande vieillesse dans l'extrême solitude, si toutefois j'arrive à vivre suffisamment longtemps, et si je ne suis pas partie avant H.