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J'en ai par dessus la tête
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3 avril 2001

Platon en parlait déjà.

Mon éducation m'interdisait de répondre à mes parents. Avec l'évolution des moeurs, il semblerait que répondre à ceux dont le rôle est de montrer le chemin, soit  devenu naturel. A y regarder de plus près, dans cette optique, les enfants ont même le pouvoir d'enseigner à leurs parents ce qu'il est bon ou mauvais de faire et de ne pas faire. Ils jugent et savent, ils veulent diriger la conduite à tenir par leurs propres parents.
Pour preuve, je citerais quelques merveilles tout droit sorties de la bouche de nos enfants :
"- Tu es tellement grosse que tu ne sais rien faire ou bouger ton cul.
- Tu ne dois pas écouter de musique par respect pour nos proches disparus.
- Ben dis donc tu te rappelles que tu as un père.
- Tu es bête, mais à un point que tu ne t'en rends même pas compte. Encore si tu t'en rendais compte, ce serait moins grave, mais non, comme tu ne t'en rends pas compte c'est encore pire !"

Le fait n'est pas nouveau, puisque Platon (environ 427 - 346 avant J-C) relate ainsi un dialogue entre Socrate et Adimante :

"... le père s'habitue à devoir traiter son fils d'égal à égal et à craindre ses enfants, le fils s'égale à son père, n'a plus honte de rien et ne craint plus ses parents, parce qu'il veut être libre ; le métèque s'égale au citoyen et le citoyen au métèque, et la même chose pour l'étranger.
    C'est bien ce qui se passe, dit-il.
    À tout cela, dis-je, s'ajoutent encore ces petits inconvénients : le professeur, dans un tel cas, craint ses élèves et les flatte, les élèves n'ont cure de leurs professeurs, pas plus que de tous ceux qui s'occupent d'eux ; et, pour tout dire, les jeunes imitent les anciens et s'opposent violemment à eux en paroles et en actes? tandis que les anciens, s'abaissant au niveau des jeunes, se gavent de bouffoneries
et de plaisanteries, imitant les jeunes pour ne pas paraître désagréables et despotiques.

(...) Eh bien, dis-je, mon très cher, tel est le beau et vigoureux commencement duquel naît la tyrannie*, ce me semble."

Il y a aussi toute une remise en cause de leurs origines, un mépris total de leurs propres racines. J'en veux pour preuve celui-ci qui a seize ans VEUT changer de nom au prétexte que porter le nom de son père est un déshonneur tel qu'il affecte son moral, ou celui-là qui, a bientôt quarante balais, dit à son parent "tu es le pur produit de ta famille paternelle à savoir que tu es faux, menteur, belliqueux...." Mais ils oublient qu'ils sont eux-mêmes le  pur produit de ce qu'ils mettent tant d'acharnement à mépriser. Que peut-on espérer lorsqu'on crache ainsi sur soi-même, lorsqu'on renie sa filiation ?

Bafouer ce que sont ses parents, ses grands-parents ne serait-ce pas se renier soi-même, se discréditer ? Ce qu'ils apprennent ou apprendront à leurs enfants a pour fondement leurs propres agissements. Que pourront-ils en espérer ? N'envisagent-ils pas qu'un jour l'exemple qu'ils donnent sera suivi par ceux qui les voient faire, qui les entendent proférer de telles aberrations ? Lorsque j'y réfléchis je ne sais si je dois m'en émouvoir ou m'en réjouir. Bof, m'en réjouir, non, ça ne m'apportera rien et je ne souhaite de mal à personne. M'en émouvoir, non  plus, je n'en suis plus capable.

En même temps j'ai de la peine pour eux, de les voir perdre ainsi toutes leurs valeurs. De les voir ainsi se priver de ce qui est noble, de ce qui est beau dans les relations familiales. Savoir reconnaitre la sagesse et la richesse de l'expérience de leurs prédécesseurs, savoir en tirer les enseignements, savoir en prendre de la graine comme disait ma mère, y-a-t-il meilleure école ? Mes parents n'avaient ni culture, ni instruction. Cependant j'ai toujours pris conseil auprès d'eux lorsque j'en  ai eu besoin, ils m'ont montré le chemin, m'ont appris la vie. Je suis riche de leurs enseignements, de leur exemple. Ils n'ont jamais eu besoin de moi pour faire leur vie, alors que moi j'ai eu si souvent besoin d'eux pour construire la mienne. Jamais je n'aurais même envisagé de leur dicter leur conduite.

* Tyrannie : Comportement autoritaire, injuste et violent d'une personne ou d'un groupe de personnes.

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