Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
J'en ai par dessus la tête
J'en ai par dessus la tête
Publicité
Archives
23 avril 2001

Les faits vus par toi, ou vus par moi.

Entre toi et moi il y a toujours décalage entre nos souvenirs respectifs d'un même moment.

A l'évidence nous ne vivons pas les choses de la même façon. Je suis bien d'accord que je peux faire du mal sans en avoir conscience. Ce qui me fascine c'est l'étendue du décalage entre nous deux.

Tu assures par exemple que je pouvais rester des jours sans t'adresser la parole, que je te regardais malproprement, que je t'isolais.

A quel moment, dans quelles circonstances ceci se serait-il passé ? J'ai beau fouiller ma mémoire je ne me reconnais pas dans cette description. Même dans des moments de très grande opposition, je ne me souviens pas avoir eu ce genre de comportement. Avec Môssieu, oui sans aucun doute. Quand nous avons eu des différends lui et moi, il m'est arrivé de ne plus lui adresser la parole, au pire pendant trois jours. Mais avec toi ? Qu'après des conflits je n'ai pas été bien gaie, j'en suis bien convaincue. La question que je me pose est : ces périodes de silences ont-elles eu lieu lorsque tu vivais sous notre toit, ou alors que tu vivais dans ton chez toi ? En même temps je n'ai pas de souvenir qu'il y ai jamais eu coupure, rupture entre nous. Distance peut-être (et encore), besoin de part et d'autre de se ressaisir, très certainement. Des jours sans t'adresser la parole lorsque tu n'étais plus chez nous, surtout s'il y avait eu des conflits, je ne saurais dire. A te lire, j'en suis à supposer que parfois tu aurais probablement souhaité que je me tourne vers toi dans des moments ou tu te sentais seule, ou tu étais peut-être seule en effet. Sauf que... je ne suis pas bien certaine de t'avoir jamais vu "seule", ta vie privée restant bien secrète.

Te souviens-tu que de ta vie privée nous étions très, très grandement exclus. Effectivement, je me souviens qu'à certaines époques je passais sous tes fenêtres pour m'assurer que tu ne disparaissais pas totalement. De cette vie que tu nous cachais si merveilleusement bien qu'aurais-tu aimé que nous sachions ? J'ai surtout acquis la certitude que tu ne nous voulais pas du tout près de toi, que ce qui t'intéressait le plus était de faire ce que bon te semblait, écoutant les conseils des "amis" qui te recherchaient pour leurs "fêtes". Tu sais pertinemment que dans ce domaine nous n'avions pas notre place, que tu ne souhaitais pas du tout notre présence. Là est sans doute l'un de mes plus grands regrets : celui de n'avoir pas fichu un grand coup de pied dans le guêpier. Quand je l'ai fait, boudiou ! on ne peut pas dire que cela t'ai fait plaisir. Tu n'as pas spécialement apprécié d'ailleurs. Puis-je aller jusqu'à dire que tu désapprouves aujourd'hui encore ? Sincèrement, oui je crois. C'est ainsi, nous ne faisons rien pour te protéger et tu nous en veux ; nous agissons pour limiter les dégâts et selon toi, nous aurions toujours fait tout de travers.

En même temps, j'ai bien le sentiment d'avoir croisé certains de tes moments de grande solitude. Des moments ou effectivement la communication entre toi et moi était des plus difficiles. De cela, oui je me souviens vraiment trop bien. De ces moments ou plus rien ne parvenait à passer. Si c'est de cela dont il s'agit, alors dis-moi que tu as souffert de ces moments là, mais ne me dis pas que je te regardais avec désapprobation, méchanceté, te mettant à l'écart. Et s'il s'agit bien de cela, que  ceci te convienne ou non, j'affirme aujourd'hui et de toutes mes forces, que je me place ou non en victime selon toi, que mon coeur de maman, de mère, comme tu voudras bien l'appeler, était empli de désespoir. Ce qui me faisait mal, ce n'était pas pour moi que j'avais mal, c'était de te voir si malheureuse. As-tu une idée du nombre de fois ou j'ai déploré de te voir tellement perdue, accablée ? En même temps ai-je le droit de te parler du nombre de fois ou tu es revenue vers nous cassée à un point inimaginable ? Que s'est-il passé, invariablement à chaque fois ? C'est chez nous que tu t'es rétablie, mais malheureusement à peine remise tu es toujours repartie vers ton destin. Après chacun de tes départs, tu es revenue vers nous encore plus détruite. Tu prétends que nous sommes à l'origine de ta destruction même si les conséquences de nos actes se produisent à l'extérieur de chez nous. Ce que je n'arrive toujours pas à comprendre c'est :
- d'une part que si nous sommes ceux que tu prétends, comment peut-on expliquer  que tu te tournes vers nous pour trouver un peu de la chaleur dont tu as tellement besoin,

- et d'autre part si nous sommes (et surtout moi, bien entendu) à ce point mauvais, comment peut-on expliquer que nous parvenions, un tant soit peu, à te réconforter ?

Cela me positionne-t-il en victime ? Pour moi, non. La victime ce n'est pas moi et je suis très contrariée de parler ainsi de moi, mais je n'ai pas envie, ici, de te faire croire que je ne voyais rien, que je ne me rendais compte de rien, que je t'abandonnais. Certes, je ne faisais que ce qui était en mon pouvoir pour t'apporter un peu de réconfort. Je ne me flatte pas  d'avoir été capable de te sortir de l'enfer que tu vis quotidiennement aujourd'hui encore. Je reconnais que je ne sais pas. Je reconnais que j'aimerais savoir et que je ressens un grand malaise à voir mon incapacité à aider plus et mieux ma propre descendance.

 

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité