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J'en ai par dessus la tête
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3 avril 2001

Mais que nous arrive-til ?

Mais oui, que nous arrive-t-il pour que nous, parents, nous nous laissions insulter, maltraiter par nos propres enfants ?
Que nous arrive-t-il pour que nous soyons capables de tout supporter, de serrer les dents si fort que nous renonçons à notre légitime autorité parentale, et ce dans les douleurs les plus violentes ?

Mes enfants qui ne m'ont pas épargnée sont grands maintenant ; je vois l'histoire se répéter avec leurs propres enfants. C'est maintenant que je prends toute la mesure du renoncement à l'exercice de l'autorité parentale : du mien, de celui des parents d'aujourd'hui.

Cela fait bien longtemps que j'ai dit à mes enfants que si je devais avoir un autre enfant, je serais beaucoup plus sévère que je ne l'ai été avec eux. Bizarrement, ils me reprochent même ces paroles qui ne les concernent pourtant pas directement. Et pourtant aujourd'hui je les maintiens, plus fermement encore qu'à l'époque ou je leur tenais ces propos.

La question que je me pose est : pourquoi  ?

Il me semble que d'une part, lorsque nous faisons preuve d'autorité nous voyons pertinemment qu'ils transgressent encore plus violemment les règles que nous leur demandons de suivre.
Ils se sentent tout puissants.

Que cherchent-ils? La réponse la plus facile serait de dire qu'ils cherchent à ce que nous leur mettions justement des limites. Réponse fausse. Plus il y a limites, plus il y a transgression. Il me semble que nos silences viennent d'ailleurs de cette évidence.

Par contre je croirais volontiers qu'ils cherchent auprès de nous des certitudes, des assurances et des réassurances quant à leur avenir. En même temps lorsqu'ils nous entendent les mettre en garde contre les éventuelles difficultés qu'ils auront à affronter, ou leur donner des avis pour réussir au mieux leur vie, ils refusent obstinément de nous écouter, prétendant que nous sommes à côté de leurs réalités.

Pour ce qui me concerne, à l'époque ou mes enfants auraient dû mettre toutes leurs forces dans la construction de leur avenir, je me souviens que je leur disais qu'il n'y aurait pas de place pour tout le monde dans la société, qu'il y aurait de nombreux laissés pour compte. J'ajoutais, que tous ceux qui baisseraient pavillon, qui ne se battraient pas donneraient leurs places à ceux qui s'acharneraient à réussir, qu'ils avaient intérêt à être de ceux-là.

A ma grande surprise ils m'ont en permanence fait grief de ce que, selon eux, je ne prenais pas la mesure des difficultés dans lesquelles ils étaient plongés, ajoutant que dans notre temps tout était facile. Je sais pourquoi ils me faisaient ce reproche. En effet au cours de nos discussions j'osais affirmer que la réussite ne leur tomberait pas du ciel, qu'ils devraient aller la chercher, et que "de notre temps" ça ne tombait pas sur nous par enchantement, qu'il nous fallait, déjà nous remuer, alors même que les choses étaient moins difficiles. Ce qui m'a toujours fascinée dans leurs propos mille fois répétés, c'est qu'ils n'ont jamais voulu prêter une oreille attentive au fait que ce que j'affirmais ce n'était pas tant que nous avions dû nous battre, mais que pour eux, compte tenu des obstacles qui se dresseraient devant eux ils devraient se battre encore plus fort que nous.

J'en viens à penser, qu'ils avaient déjà déposé les armes. Tout dialogue devenait donc inutile.

Néanmoins je regrette très fortement ne pas avoir plus imposé notre nécessaire autorité parentale. Ne pas avoir plus exigé d'eux leur nécessaire acceptation des règles de vie qui étaient les nôtres. Entendons-nous bien, mes enfants n'ont pas été des enfants abominables. Mais ils ont été, et ce qui est pire, sont toujours, irrespectueux refusant encore aujourd'hui les notions simples d'autorité et d'obéissance. Je suppose que cette notion d'obéissance résonne à leurs oreilles comme l'injure suprême à leur statut d' Humain-roi.

J'ai compris, mais hélas beaucoup trop tard qu'il y a une façon de s'exprimer qu'ils sont capables d'entendre. La première des choses à leur apprendre, ce que j'en conviens nous ne faisons plus, est que d'une part il y a les grandes personnes et que d'autre part il y a les enfants.

C'est bête et puérile n'est-ce pas comme manière de dire les choses ? Certes, mais nos enfants ne sont que des enfants au départ, et cette évidence qu'ils doivent obéissance aux grandes personnes, je ne suis pas certaine que nous leur inculquions suffisamment tôt. De cette évidence découle l'obligation de respect envers les anciens, pour la simple raison que les anciens  ont appris à respecter leur entourage, qu'il s'agisse de leurs propres ascendants ou de leurs descendants. Ce sont les aînés qui connaissent l'utilité et l'importance du respect envers autrui, c'est à eux qu'il appartient d'enseigner comment il convient de respecter son prochain.

Lorsque nous exigeons d'eux qu'ils ne nous manquent pas de respect, ils n'hésitent pas à hurler que nous ne les traitons pas avec respect, alors même qu'ils ne perçoivent pas que nous sommes en train de leur manifester les égards qu'ils sont légitimement en droit d'attendre de nous. Ce qui m'amène à penser qu'ils attribuent un sens étrange aux mots, en ne prennant en compte qu'une partie des définitions, celle qui les arrange en faisant abstraction de ce qui les dérange. Pour ce qui concerne la notion de respect, ils omettent que le respect consiste à traiter une personne avec égards en raison de
- son âge,
- sa position sociale,
- sa valeur morale ou intellectuelle.

Respecter autrui, c'est effectivement traiter avec égard toute personne, quel que soit son âge, mais on ne peut pas traiter de la même façon un bébé et un vieillard. S'exprimant comme ils le font, ils montrent combien ils mésestiment le fait que leurs parents ne sont pas leurs copains, oubliant qu'ils n'ont ni la même situation sociale, ni le même titre, et que leurs fonctions sont bien différentes.

F, lorsque jeune adulte je lui demandais le respect m'avait laissée sans voix  lorsqu'il a osé me demander "Mais qu'est-ce que c'est que le respect ?" Jamais je ne cesserai de regretter de ne  pas avoir su rétorquer que respecter quelqu'un ou quelque chose c'est avoir de la considération. Considérer comme il convient la personne, l'animal ou l'objet dont il est question. C'est ce genre de discours qui nous manque, à nous parents, devant pareille impertinence.

Curieusement F s'emploie a inculquer dès leur plus jeune âge à ses enfants (f et f') cette notion si importante. Je pourrais en déduire qu'il a donc intégré l'importance du respect, qu'il a aussi intégré le fait qu'il a été plus que de raison, trop fréquemment irrespectueux envers les autres. Mais non, il n'en est rien. Il a intégré encore plus violemment l'idée que nous parents nous lui avons manqué de respect..... C'est très étonnant cette façon de fonctionner à sens unique, irrévocablement unique et toujours dans le même sens, cette faculté de ne jamais se remettre en question, non  ?

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